• Le sujet : la conscience et l’inconscient

     

     

    Double problématique :

    - Peut-on ne pas être soi-même ? (Identité et aliénation)

    - L’homme se définit-il par la conscience qu’il a de lui-même ou par ce qui le définit inconsciemment ?

    Introduction : recherches d’idées, de pistes de réflexions et de problèmes.

     

    ·      Qu’est qu’être un sujet ?

    - Les différents sens de la notion de sujet :

    1) Le sens grammatical : un sens plus important qu’on ne le croit. Pour le percevoir, imaginer une langue où il n’y aurait pas de sujet (csq sur la vision du monde et de soi). Imaginez ce qui change dans le passage du « il » au « je » dans l’apprentissage du langage chez un enfant. Imaginez aussi une langue ou un peuple qui n’offrirait pas le terme « je » à un individu pour se désigner (cela existe !)…

    2) « Etre sujet » au sens d’ « avoir tendance à». Ex. : « Etre sujet aux migraines ».

    Prble : Ici je suis sujet alors même que je ne décide pas de ce qui m’arrive. Cela nous permet d’aborder un 3e sens et une opposition classique.

    3) L’opposition entre sujet et objet : soit pour concevoir ce qui fait le propre de l’homme par rapport à tout ce qui l’entoure. Soit pour concevoir 2 grandes façons de considérer l’homme. En effet, on peut envisager tout homme soit en tant qu’il est un sujet, c’est-à-dire libre et acteur des événements de sa vie, soit en tant qu’il est objet des différentes lois qui le déterminent (naturelles et politiques). On pourrait ainsi aboutir à une série de distinctions conceptuelles provisoires suivante.

    D’un côté le sujet renvoie à l’homme considéré comme liberté, sa conscience, sa volonté.

    De l’autre, l’objet devrait être pensé sous la catégorie du déterminisme et du règne de la nécessité (cf. le domaine des lois nécessaires de la nature), essentiellement passif.

     

    Les problèmes que l’on peut alors déduire et remarquer pour poser, penser et articuler ces différents sens sont les suivants :

    - D’où vient la subjectivité ? Commence t-on par un sujet ? Autrement dit : La subjectivité est-elle naturelle ?

    Pour mener l’enquête et répondre on peut commencer par se demander : « qui travaillent sur ces questions et nous en proposent une étude ? »

    ## Les premières réponse qui vient ce sont les sociologues et les psychologues. En effet, les deux sciences s’intéressent à ce qu’on appelle le processus de subjectivation ou d’individuation, c’est-à-dire le processus qui permet à un nourrisson de devenir un sujet ou un individu à part entière. Pour toutes deux, la réponse semble être négative.

          Remarquons aussi que convoquer ces deux sciences en même temps c’est déjà affirmer que l’homme est un être social et qu’il ne peut devenir lui-même sans éducation, c’est-à-dire sans être en lien avec la société. Ainsi la subjectivation passe toujours par un  processus de socialisation. On pourrait voir que les processus de subjectivation varie selon les pays (et même selon les régions !), les familles et les expériences individuelles.

    Problèmes et paradoxes qui apparaissent :

    -       La subjectivité ne vient pas du sujet. Elle possède une origine sociale, culturelle et historique. Elle n’est ni naturelle (ex.1), ni acquise une fois pour toute (ex.2). Serions-nous alors totalement déterminés ?

     Ex. n°1 : L’exemple de l’enfant sauvage.

     Ex. n°2 : La perte du sentiment d’être un sujet. Les SDF, les différents types de désocialisation (la dépression comme catégorie psycho-sociale) et le « mépris social » chez Axel Honneth. 

     

    Thèse et texte 1 : Origine historique, juridique et sociale de la notion de sujet.

    Jean-Pierre Vernant, L’individu, l’amour et la mort. (Le sujet comme sub-jectum, ce qui se tient sous les catégories de l’accusation et répond de ses actes).

     

     Transition : le problème de cette approche vient du fait que nous ne nous vivons pas de cette façon. Cette approche objective nous permet-elle de penser ce qui fait notre identité.

     

    ·      Qu’est-ce qu’être soi-même ? Le problème de l’identité personnelle.

     

    Introduction sur la question de l’identité :

    - Qu’est-ce que l’identité ? Peut-on définir l’identité d’une personne (et comment) ? Peut-on définir une identité comme défini un terme technique ?

    - Qu’est-ce qui caractérise mon identité ?

    - Comment s’y prend on pour décrire ou définir quelqu’un ? (exercice : essayez de décrire un(e) ami(e), une personne aimée, un(e) inconnu(e)… quelles sont les difficultés ? Que nous apprennent-elles ?)

                - Les caractéristiques physiques, les traits du visage, les détails : grand, fin, habillé en blanc, en bleu, en survêtement…

    Problème : Décrire l’apparence d’une personne permet peut-être de la reconnaître (fonction pratique), mais cela permet-il de nous livrer son identité, de la connaître ? (cf. la physiognomonie)

                - Les traits de caractères (psychologiques) : coléreux, capricieuse, sympathique…

    Avoir du caractère suffit-il pour être une personne ?

    Distinction entre : Avoir une forte personnalité (psychologie) et être une personne (morale).

    Demander à quelqu’un d’être un peu lui-même c’est lui demander d’être libre (devoir).

                 . Quel type de qualité me permet le mieux de définir l’identité d’une personne ?

                Qualités premières (essence) et qualités secondes (accident) (Descartes, Méditations métaphysiques) Exercices : Apporter une photo de vous lorsque vous étiez tout petit… Décrire ce que vous voyez lorsque vous vous regardez dans un miroir…

    Que veut-on dire par connaître lorsqu’on dit connaître une personne ? S’agit-il d’une connaissance scientifique (une connaissance au sens de la science) ?

    -       Texte de Pascal, Pensées

    -       Texte de Sartre, l’Etre et le Néant (le garçon de café : identités sociales)

     

     L’identité d’une personne est-elle unique ou plurielle ? (+ Qu’est-ce qui fait mon unicité ?)

    Texte de Amin Maalouf,  Les identités meurtrières :

    (articles autour de l’identité nationale : Michel Serres)

     

    Texte de Barthes sur l’amitié (transparence et opacité) // Pascal Quignard (le secret)

     

    Identité et conscience : L’homme est-il défini par le conscience qu’il a de lui-même ou par ce qui le détermine inconsciemment ? Suis-je le mieux placé pour dire ce que je suis ?

     

      

    I- On ne nait pas soi-même, on le devient… 

    …ou pas. Et de plus, ce n’est jamais acquis.

     L’homme ne nait pas homme, il le devient (sans cesse) // (On peut ne pas être soi-même : une partie « De facto »)) 

     

    ° Possibilité de faire une petite intro sur les troubles de l’identité et ce qu’ils nous apprennent de l’identité en question et son étonnante fragilité. Ex. : Un simple coup sur la tête et on perdre la mémoire…

     

    A) Le processus de subjectivation (Comment devient-on un sujet ?) : l’infans au sujet, l’apparition de la conscience réflexive à travers la mise en place des capacités cognitives et l’organisation des affects.

    # Qu’y avait-il avant le sujet ? Genèse psychologique et symbolique du sujet.

                - Acquisition du langage par le bébé : Y a t-il un sujet avant ou sans le langage ?

                Texte 1 : Emile Benveniste, De la sujectivité dans le langage, in Problèmes de linguistique générale (p.259). Thèse : Le sujet est un effet de langue (l’homme est un être de langage)

                - Texte 2 : Emmanuel Kant, Anthropologie d’un point de pragmatyique (TIII, p.945) Thèse en opposition : Le langage est un outil pour la réflexion mais c’est par la raison et dans son usage que l’homme devient capable d’une conscience réflexive. (L’homme est un être de raison)

    Annexe possible : critique d’une conception « idéal typique » du bébé. Le statut relationnel de l’être humain en devenir.

     

    B) Pas de subjectivation sans socialisation :

    - Le développement des facultés cognitives ne suffit pas à créer le sentiment d’être un sujet : la bienveillance et le mépris dans l’éducation et la vie en société.

    Texte : Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance.

    - La dimension psychologique de l’individu est indissociable de son existence culturelle, historique et sociale. (A force de « psychologiser » l’individu, on peut le dépolitiser, ne plus en avoir les conditions politiques ou morales, et le déshistoriciser).

    - Apprentissage par imitation et désir mimétique…

    - socialisation primaire et socialisation secondaire : les différents niveaux d’existence de la société.

    Ex. : La famille, la classe sociale, l’époque, les réseaux d’appartenance, le travail, les amis, les domaines d’identification, le capital culturel (d’aspiration et de reconnaissance, les valeurs)…

    Conclusion possible : L’identité complexe et jamais close. L’homme est comme être « multifacial » : l’identité, unique ou multiple ?

     

    C) Le problème de l’aliénation :

    - Aliénation mentale et aliénation économique. L’accident et la règle.

    Texte 3 : Freud, Leçon de psychologie. « Le moi n’est pas maitre dans sa propre maison »

     

      II- Le devoir d’être soi-même ou la notion de personne au sens moral : 

        

    A)   C’est par la responsabilité que l’on devient sujet selon Jean-Paul Sartre:

     Texte de Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme 

     Être soi-même c’est responsable de soi et de l’image de l’humanité qui découle de nos actes. 

     

    B)   La notion de personne chez Kant : une pensée au fondement de l'humanisme.
     

    C) Connaissance de soi et conscience de soi : l'origine morale de la conscience. Le« connais-toi toi-même » attribué à Socrate : Se connaître pour savoir se maitriser et être un homme libre. Principe aussi des sciences sociales : prendre conscience des déterminismes inconscients pour s’en libérer ou les garder par choix.  

    Valeur morale de la conscience chez Pascal : "L'homme est un roseau pensant" + texte de Rousseau sur l’origine de la conscience morale (// Kant : un fait de la loi morale). 

     

    Conclusion:  Texte d’Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne. Etre soi-même c’est tracer une biographie personnelle. La  liberté comme pouvoir de commencement et comme rupture. 

     

     III- Faut-il toujours chercher à être soi-même ? (Chercher à être soi-même peut-il constituer un idéal moral ?)

     

    Intro : Deux grandes traditions en philosophie.

    1)    Celle du « Connais-toi toi-même » de Socrate (en grec ancien : Γνoθι σεαυτόν = « Gnothi seauton ») qui reconnaît à la connaissance une dimension libératrice ou émancipatrice = éthique.

    2)    Celle qui dénonce les dangers de « l’autoscopie » (du regard centré sur soi), du « centrisme de la conscience », de la « libido sciendi » (le connaissance liée au désir de maîtrise), ou d’une théorie de l’agir rationnel c’est-à-dire d’une vision de l’homme conçu comme un agent économique qui cherche toujours à agir selon le « théorème du minimax » (selon lequel tout homme cherche à minimiser ses pertes et maximiser ses gains en agissant)

    Texte : le mythe de Narcisse (et Echo) selon Ovide (lu par P.Quignard, Le sexe et l’effoi) :

    « Si non se non noverit » (« On vit si one se connaît pas »).

          A) La nécessité du lâcher prise et de l’oubli de soi : de l’ « extase » à l’ « euphorie » en passant par l’ « inspiration » et l’ « enthousiasme », tout le vocabulaire de la passion et de la joie et celui de l’oubli de soi.
    - Analyse du concept de lâcher prise : lâché quoi ?

     

    Texte : Inspiration et Enthousiasme chez Platon (extrait du Ion).

    Mise en regard avec le texte de Gilbert Rouget (ethnomusicologue) La musique et la transe.

    Illustration possible : De la transe chamanique à la transe goa (un petit tour du monde des transes)

          B) Existe-t-il d’autres voies que la raison, la conscience et la volonté pour agir de manière juste et censé ?
    - Eugen Herrigel, Le Zen dans l’art du tir à l’arc. (A compléter par Maitre Eckart).

    -       André Comte-Sponville, SKOPOS et TELOS chez les stoïciens.

    (DVD : « Regards sur le sport »).


    Fin possible :

    C) La destruction de L’ego ou la remise en cause de la toute-puissance du sujet :

    - Pascal, Pensées : « Le mois est haïssable (il ne faut aimer que Dieu) ».

    - Lévinas : « Le sujet est un hôte ».

     

    Conclusion possible :

    La remise en cause de la toute-puissance du sujet.

    Freud : « Le moi n’est pas maitre dans sa propre maison » cependant « Là où « Ca » était, « Je » dois avenir » 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Autre III possible

     

    A)   La nécessité du lâcher prise : le besoin factuel de s’oublier pour pouvoir être soi. De la fête à la valorisation du « naturel » (qu’est-ce qu’être naturel ?).

     

    B)   Se connaître, s’oublier ou se (re)trouver en s’oubliant dans l’amour ou l’amitié :

    - La fin des dualités : homme/monde, sujet/objet…

     

    C)   Etre soi-même ou s’ouvrir à ce qui, même en moi, à plus de valeur que moi : les pensées mystiques. De la critique du moi chez Pascal à la destruction de l’ego dans le bouddhisme en passant par la critique de l’orgueil chez les moralistes classiques et l’Autre chez Lévinas. Saint Augustin : « L'amour nous fait devenir ce que nous aimons. » 

     

    Conclusion :

    Pas de subjectivité sans intersubjectivité. Loin de s’opposer l’être humain ne peut être lui-même sans les autres, c’est même à l’autre homme, à l’existence de l’étranger que je dois tout en même temps mon identité et mon humanité.