• Cours sur Autrui

    Autrui : Autrui est-il mon semblable ? 

                            Les figures d’autrui : l’alter ego, le prochain, le frère, le semblable, l’étranger, l’ami, l’ennemi ; le concitoyen…

      Introduction et recherche d’idées :

    - Petite réflexion sur la différence, les différences, l’identité et les identités en question :

    Est-il vrai de dire que « nous sommes tous différents » ? Que faut-il entendre par «différents » ?

    Les différents types de différence et leurs conséquences :

    ° Les différences non déterminantes ou non signifiantes

    ° Plus de différences  que de points communs ? Sens du mot universel ?

    De quoi la différence est-elle le nom ?

    2 textes :

    - Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique ou le monde sans autrui.
    Robinson ou le monde sans autrui chez Deleuze (Logique du sens). Définir autrui à partir de son absence : le processus de déshumanisation et le devenir solaire de Robinson.

                 - Jean-Paul, Sartre, L’Etre et le Néant et Huis clôt. L’expérience de la honte. Surgissement d’autrui (6 concepts majeurs de l’existentialisme sartrien : Réification, Mauvaise foi, Responsabilité - Liberté, Facticité et Transcendance)

     

    I-             Autrui : L’inconnaissable.

    (Peut-on connaître autrui ?)

    A)   Le moi (inappropriable) et ses propriétés chez Descartes et Pascal :

    - De la connaissance (de l’autre homme) en question et de l’identité qu’il est possible de connaître.

    - De l’absence de moi substantiel chez Pascal et de la « substance pensante » chez Descartes.

    - De l’impossibilité de toute expérience directe de la subjectivité (et la pensée) d’autrui

     

    Illustration possible par le film Blade runner de Ridley Scott (1982).

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Blade_Runner_(film)

     

    B)    Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux » : « L’inconnaissable » comme mode d’une connaissance possible d’un autre genre (amoureux ou moral).

     

    C)    Emmanuel Lévinas, Totalité et infini : « Autrui n’est pas à connaître ». L’expérience du visage et la reconnaissance de l’altérité.

     

    Possibilité d’illustrer le cours par un travail photographique : demander à chaque élève d’apporter deux photos portraits d’eux (la 1ere, libre qu’ils aiment ou qui les fascinent et qui a été prise depuis qu’ils sont nés… la 2e une photo récente à prendre). Possibilité d’accompagner la photo d’un texte qui serait à coller sous le portrait et qui serait comme une voix off de leur photo pour celui ou celle qui la regarde.

     

    Transition : Peut-on vivre en société à partir du postulat que l’on ne peut ni connaître, ni comprendre autrui ? Est-ce vraiment le cas ?

     

    II- Peut-on fonder le respect pour autrui sur la sympathie, la possibilité de connaître l’autre ou de se mettre à sa place (l’empathie) ?

     A)   Peut-on se mettre à la place d’autrui ?

     - Que répondent les lieux communs à ce sujet ?

     Non : Chacun est unique. Prble : Incommunicabilité. Solipsisme…

     Oui : cf. les expressions « mets-toi à sa place » ou « mets-toi à ma place »…

     Prble : Dans ces deux expressions que signifie « se mettre à la place d’autrui… » ?

     S’agit-il de s’y mettre réellement ? Ou de faire un effort (d’ordre moral) ?

     - D’où la nécessité de passer à une analyse de deux expressions communes :

     « Se mettre à la place d’autrui » : 3 sens possibles (+ ou – pertinent)

     1°) Etre autrui 2) Une connaissance par analogie 3) Un devoir moral

     

     1°) Etre autrui : impossible. Cpt : que faut-il entendre par cette impossibilité ?

     Autrui est absolument inconnaissable et tout rapport n’est qu’illusion et malentendu.

     Inconnaissable comme condition de reconnaissance de la différence et du respect ?

      2°) Connaissance par analogie : l’impossibilité d’être autrui ne m’empêche pas de me mettre à sa place (allons plus loin, si je pouvais être ou devenir autrui, la tentative ou le devoir de me « mettre à sa place » n’aurait aucun sens).

                             - Texte d’Adam Smith, Théorie des sentiments moraux (cité par A.Jorland dans « L’empathie »). Imaginer ce que cela me ferait si ce qui arrive à autrui m’arrivait.

     // et diff. Entre sym-pathie et em-pathie chez Smith comme fondement du lien social.

     Argument pour défendre la possibilité d’une telle connaissance :

     Si on admet qu’autrui est constitué comme moi et que ce qui lui arrive est à la fois singulier et universel alors en passant par ce qui semble universel en moi je peux l’atteindre (difficile mais possible. Comment ? Par un travail de connaissance de l’homme et par une exigence de décentration du moi…)

    Prble : Le danger de la connaissance par analogie : Le risque de se projeter sur l’autre, projeter sur lui ce qui n’est que personnel, de généraliser mon cas et de ne pas être à l’écoute de ce qu’il a de singulier.

     

    3°) La connaissance par empathie : loin de faire de la tentative de « se mettre à la place d’autrui » une difficulté insurmontable ou une exception, les neurosciences semblent affirmer que c’est plutôt la règle même qui prévaut dans la nature, chez de nombreuses espèces par exemple chez les grands primates. Ce souci de l’autre que l’on trouve au départ chez les parents pour leur progéniture (dans un but de survie de l’espèce) pourrait avoir servi de modèle au lien présidant à la formation des premières sociétés chez l’homme.

     -       Texte sur les « neurones miroirs » dans la revue recherche +

     -       Emission « Sur les épaules de Darwin : Le souci de l’autre » 16 novembre 2013. (voir la fiche de l’émission pour le découpage)

     

    B) (Transition et Problème :) 1) Peut-on comme semble le faire Darwin fonder ou dériver la société, la morale et le respect d’autrui sur cette capacité (physique, naturelle ou neurale) à l’empathie ?

     2) Si les « neurones miroirs » nous permettent de nous « mettre à la place des autres » et de ressentir dans notre corps ce que font les autres, comment expliquer que nous n’avons aucune empathie ou presque pour des catégories entières de personnes ? Et par suite, on peut se demander : pour quoi ou envers qui avons-nous tendance à éprouver de l’empathie ?

     - Pour nos proches (problème d’une préférence pour les proches au moment où on tentait de définir les bases d’une société juste…). Pour ceux et celles qui nos ressemblent… N’est-ce pas là les fondements d’une société inégalitaire et fondée sur les privilèges (donnés à ce que nous privilégions) ?

                - Texte de David Hume, LA MORALE. Traité de la nature humaine (Livre III,II,II)

                 - Texte Bernard Stiegler, La misère symbolique sur le problème de la communauté empathique

     (T) Peut-on fonder le respect pour autrui sur la possibilité de le connaître ?

     

    C) Le respect pour autrui n’est pas un rapport de connaissance :

    - Texte d’Emmanuel Lévinas, Totalité et infini : L’expérience du visage.

    ­- Texte de Kant sur l’homme compris comme fin en soi et non comme moyen.

     



    [1] Ethique à Eudème, Livre VII. Traduction Olivier Bloch et Antoine Léandri (Ed. encre marine) 

     


     Conclusion possible : L’idée d’Humanité comme Idée régulatrice chez Kant

    Les crimes contre l’Humanité (juger) et les droits de l’homme : Fait et valeur


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