• Le langage

    Cours sur le Langage et l’Interprétation

     Le langage nous éloigne t-il des choses ?

     

     Introduction, recherches d’idées et de problématiques : 

     

     « Sur la puissance (et les puissances au sens de potentia) et le pouvoir du langage » (De quoi le langage est-il capable ?)

     

    a) Les problèmes et les joies que nous donne le langage

     (exemples possibles) :

     ·      La joie de bavarder (langage et bavardage) : défense et procès du bavardage. La prise de la parole libre (libérée de quoi ? De la norme ?) Peut-on parler pour ne rien dire ? Le blabla, le comique, le poétique et l’obligation du sens…N’y a-t-il pas une obligation interne à la parole qui serait de dire ? Parler c’est s’engager, c’est « donner sa parole »… Dimension éthique du langage. Parler va sans dire, François Jullien (ou La décision du sens, Barbara Cassin)

     ·      Langage et humour : Pourquoi dit-on que l’humour manifeste une grande maîtrise du langage ? (« Les mots », Eric et Ramzy et la L.N.I) Jouer avec le mot « jeu »…

     ·      Ce que nous apprend du langage ceux qui l’adorent et ceux qui le détestent (les beaux parleurs, les tchatcheurs, les taiseux, la difficulté de parler (l’amour du silence)

      

    b) Sur le pouvoir et la puissance du langage : Quel pouvoir possède celui ou celle qui maîtrise l’art de la parole (l’art de bien parler) ?

     La rhétorique et l’art de persuader : Qu’appelle-t-on la rhétorique ?

      (Attention !) 2 sens différents qui pourraient être opposés : 1) L’art de persuader (techniques) ; 2) L’étude du langage, des figures de style, de rhétorique et d’argumentation (science)

      Exercice 1 : Rédiger un petit manuel destiné à la formation du parfait petit démago. Il pourrait s’intituler : « 5 leçons ou 5 conseils pour devenir un bon rhéteur ». Que lui conseilleriez-vous d’apprendre en priorité ? Bref, que doit-on connaître et maîtriser pour être un maître de rhétorique ?

      Réponses : * Les gestes (chirologia), * La psychologie (des masses) : Connaître les passions humaines, les peurs, les désirs et les fantasmes de son auditoire pour jouer sur ses sentiments (bien savoir à qui je parle, quel est le registre et le niveau de langue à adopter), * La sociologie : avoir un bon diagnostic sur les lieux communs et les sujets en vogue, * La logique (si on ne connaît rien au sujet on pourra ainsi paraître être vraisemblable), * La dialectique (l’art de bien présenter ces opinions basé sur une bonne connaissance des arguments les plus répandus sur le sujet) , (*Etre à l’écoute, * Avoir du feeling, * Savoir qu’est-ce qui a du pouvoir…)

     

     Texte 1 : « La rhétorique dans l’antiquité » de Laurent Pernot »

     

    Texte 2 : « L’art d’avoir toujours raison », Arthur Schopenhauer (l’introduction, plus quelques exemples de stratagèmes…)

     

    Exercice 2 (ou T.P. de philosophie) : La rhétorique employée au quotidien…

    (cf. Fiche sur les figures de style et de rhétorique, + Brice de Nice, de James Huth)


     Matériel disponible pour illustrer : Couper le son, dvd du Monde 2 sur les gestes des hommes politiques, Réfutations dvd de l’Autre Campagne sur les discours politiques de Nicolas Sarkozy, Les grands duels de l’entre-deux tours des élections présidentielles, archives INA sur les petites et les grandes phrases prononcées lors des campagnes électorales. 

    Conclusion de l’intro :

    Texte 3 : L’éloge d’Hélène, Gorgias de Léontium. « Le langage est un grand potentat ». Sur la puissance démiurgique et les effets thérapeutiques du langage « C’est la vie ! »

    L’ « effet de réel » et l’effet monde » du langage, une puissance de  retournement. Le réel et ses faces (« la face toujours cachée de la vieille lune qu’est le réel ! »)

     

    TRANSITION : Faut-il alors nécessairement se méfier des mots ?


    Problématique directrice : Faut-il désespérer du langage ?

     

    I- Peut-on tout dire (à autrui) ?

     

    Les différentes formes de l’impossibilité de dire : de l’interdiction sociale (tabous), à l’interdiction morale (le respect et le tact), en passant par le problème de la liberté d’expression. (y’a du boulot !)

     Impossibilités et interdictions sociales et morales :

     A)    Le tabou : Ce qui se dit/ce qui ne se dit pas. (Origine et fonction du tabou : d’où viennent les tabous ?) : La  loi du silence  comme instrument de domination et de protection des groupes qui détiennent le pouvoir (cf. : le secret de famille, les villages, petites sociétés) ? Faut-il vivre sans tabous ? Peut-on tout dire (pour autant !) ?

    Débat possible : sur Le problème de la liberté d’expression et de ses limites. Films possibles : Chomsky & Cie (Dvd 1, chapitre 5) (ex : propos racistes, Noam Chomsky sur Faurisson). + "C'est dur d'être aimé par des cons" sur le procès de Charlie Hebdo et des caricatures. Se donner la possibilité de différencier le tabou (interdiction silencieuse) et la loi.  

      B)  Le tact, la délicatesse et la politesse : Différence entre le tabou social et la parole respectueuse : ce qui n’est ni tabou, ni interdit par la loi et qui pourtant ne se dit pas. La politesse comme espace public non contigu. Pour une éthique du tact, de la politesse (2 figures de la délicatesse) comme éthique du langage même (cf. Barthes, Cours sur le Neutre LN3,  4e scintillation de la figure portant sur la « délicatesse » : la politesse 17m30s-22m28s. Ex. du Tao et de la politesse du mort… + La société intégrale, Cédric Lagandré. +Le pathos de la distance chez Nietzsche, §25 Par de-là le Bien et le MalGénéalogie de la Morale 1 §2 lié au problème de la hiérarchie et à la critique de l’égalitarisme et de l’indifférenciation)+ Norbert Elias, La civilisation des moeurs. 

     C)    L’éthique de la discussion, Jurgen Habermas. Introduit par la chanson "Paroles, paroles…"  Dalida et Alain Delon. Les paroles ne sont-elles que des mots ? Parler c’est « prendre la parole », « donner sa parole », s’engager, « prendre position », se mettre à exister hors de soi, dans l’espace public.  

     

      II-Y a-t-il de l’indicible ? (Ce que le langage ne parvient pas à dire)


     A) Le langage et l’indicible : 

     

    a) La critique Bergsonienne du langage : Nommer c’est classer (classer c’est "subsumer") Qu’est-ce que Nommer ? Dieu le Verbe, l’enfant… Les catégories du langage correspondent-elles à la réalité ?

     

     b) « Le réel est ce contre quoi je bute », Lacan. Ce qui nous arrive de grand nous prive de parole : être « sans voix », l’impuissance du discours. « Y’a pas de mots !!! » (ex : la mort , la joie, le coup de foudre…). FRAGMENTS D’UN DISCOURS AMOUREUX, Roland Barthes : tentative de description de l’être aimé. Adorable p.   . Nommer c’est réduire (le désir d’être sans noms). Impossibilité de dire ou difficulté à dire ? 

     

     c) Débat sur les images et l’inimaginable : L’interdiction de la représentation…  

     ·      Shoah, Claude Lanzmann : Dire l’indicible ?

    (Transition : à mettre en // avec la polémique autour des films La vie est belle de Roberto Benigni et La liste de Schindler de Steven Spielberg)

     ·      Images malgré tout,  Georges Didi-Huberman. La shoah est-elle inimaginable ? INIMAGINABLE ET IMPENSABLE. (+ Ce qui reste d’Auschwitz, Giorgio Agamben). Textes : La polémique autour de l’exposition (4e de couverture), l’accusation de Lanzmann de vouloir produire une fascination par l’horreur, la tentative nazie de détruire les images et de produire de l’inimaginable, inimaginable et impensable, l’image comme source de connaissance consciemment lacunaire et comme libération (Naufragé et rescapé, Primo Lévi sur son agacement face au thème de l'incommunicable. Jorge Semprun, L'écriture ou la vie : devant les images de son camp vue aux actualités). 

        B) L’indicible et l’impensable : Peut-on penser sans les mots ?

      a) La critique hégélienne de l’indicible (ineffable) :

     intro : On a souvent l’impression qu’on peut avoir compris sans réussir à réexpliquer (cf en cours !). On dit alors « J’ai saisi mais  je ne sais pas comment dire. J’ai pas les mots… ». Qu’ai-je lorsque je n’arrive pas attraper ce que j’ai saisi !?

     Texte de Hegel, Phénoménologie de l’Esprit (compléter avec le texte de Merleau-Ponty sur le fait de « penser dans les mots »)

     

     b) Si on pense dans et avec les mots : La langue dans laquelle on s’exprime influence-t-elle notre pensée ? + problème linguistique et métaphysique Sans les mots y’aurait-il des choses ? Texte de Martinet « La langue n’est pas un calque du monde » Texte de Nietzsche, Le livre du philosophe : « Derrière chaque grammaire se trouve une métaphysique ». Le problème de la création des langues chez Nietzsche : Introduction théorétique sur la vérité et le mensonge du point de vue extra-moral.

     + texte de Benveniste :

      

     III- La multiplicité des langues nous interdit-elle de nous entendre ?

     

     A) La diversité des langues est-elle une malédiction ?

      a) Texte 1 : Le mythe de la tour de Babel . Comment comprendre une telle histoire ?

     Le mythe de la communauté fusionnelle et silencieuse : Le rêve infralinguistique d’une communauté sans langage, d’un mode de compréhension qui ne passerait pas par la parole et prise en compte de la différence d’autrui. (cf. « J’aimerai tellement que tu me passes le sel sans avoir à te le demander.. »)

     

     b) Texte 2 : Race et histoire, Claude Lévi-Strauss. La réaction ethnocentrique (origine du racisme)

     

     B) Traduire est-ce trahir ?

     

    a) Extrait de Parachute 100 texte de Jean-Luc Nancy sur les dangers du concept de multiculturalisme.

     « Une langue, c’est déjà toutes les langues »

     

    b) De la traduction, Paul Ricœur (texte fondamental !) : Y a-t-il de l’intraduisible ?

     

     Comment penser les conditions de possibilité de la traduction qui permette d’évier l’ « alternative ruineuse » du propre et de l’étranger ?

     

     Repenser l’universalité en question : non plus comme origine ou comme principe transcendantal à la base de la possibilité de traduire mais comme résultat d’un travail humain et d’un effort (voire d’un souci) ceux de la traduction. L’œuvre et le travail du propre, de l’étranger et de leur rencontre dans le traducteur. (Cf. La notion que pose Ricœur d’hospitalité langagière pour définir l’acte de traduire. + La réversibilité du mot hôte : l’hôte est, comme le dit le double sens du mot, à la fois celui qui accueille et celui qui est accueilli. L’hôte est alors, celui qui est accueilli dans l’accueil par l’accueil de l’hôte… Les différentes conceptions de l’hospitalité et les modèles de l’intégration exclusive)

     

    La notion d’équivalence sans adéquation. « Construire des comparables ». Comment faire parler chinois le grec ? Ex. du sinologue François Jullien.

     


    Tags Tags : , , , ,